CINÉRURAL
Échos de Lavilletertre
Lavilletertre, lieu de « génie »
Qui pourrait croire, parcourant Lavilletertre, paisible village du Vexin français surplombant la vallée de la Viosne, qu’il constituât pendant plus de deux siècles une place forte redoutable, partie de la ligne de défense de la frontière entre le royaume de France et la Normandie ?
Qui pourrait penser que ce plateau aux larris* verdoyants, où l’été fleurissent la chlore perfoliée, la laîche glauque et le serpolet couché**, fut selon la légende pour Gargantua – et est encore aujourd’hui pour la zygène de Carniole*** – un plaisant terrain de jeu ?
De la place forte en effet il ne reste quasiment rien, les Anglais l’ayant vilainement détruite après la bataille d’Azincourt, ne laissant debout que la petite église construite sous Philippe Auguste.
Du terrain de jeu de Gargantua, il reste tout de même son modeste palet : un mégalithe de près de trois mètres de diamètre sur un mètre d’épaisseur, fiché verticalement en terre de Romesnil et curieusement appelé « La Pierre Frite ».
Dès lors, quoi d’étonnant à ce que l’écrivain Michel Butor rangeât Lavilletertre, à côté de Venise, parmi ses « lieux de génie » ?
* Le « larri » est le mot picard pour pelouse
** Toutes trois plantes répertoriées des larris du plateau de Lavilletertre
*** Rare papillon officiellement présent sur le plateau de Lavilletertre